Heureux qui comme Ulysse

Jeudi, Hélène part filmer une maison abandonnée sur la jetée.

Pendant ce temps là, je vagabonde.
Finalement je me dirige vers l’aquarium. Petit mais moderne, il présente surtout la faune locale, parfois avec un certain humour. Dans certains décors aquatiques sont placées des bouteilles et canettes de sodas, pour insister sur les gestes environnementaux.

Je suis impressionnée par les tailles des « King crabs » sorte d’araignées de mer géantes qui font un carnage sur le territoire.
Mais tout d’un coup, j’entends un groupe de touristes français se rapprocher. J’essaie de ne pas me faire repérer car je trouve « dépaysant » de tomber sur ses pairs en terre inconnue. Et jusque ici nous avons rencontré une foule de touristes français, en road trip avant reconversion professionnelle, ou en mode « je fais toute la chaîne de montagnes des Lofotens, seule, juste munie d’une tente et d’un couteau suisse », ou juste en quête de nature… > Les français, en France!

Le lendemain, aux aurores, nous jouons à un nouveau jeu: attrape le seul bateau de la journée, à 6h30, pour Bodø . Pas de bus, trop mal aux pieds … Nous tentons le stop, à 5H30, sur la route de Svolvaer.
Pas un bruit, à part quelques mouettes et le vent. Evidemment…
Puis, miracle, une voiture! Et elle s’arrête!
Son chauffeur, un restaurateur du coin nous emmène à notre embarcation, nous racontant au passage sa vie ici.
Lui, immigrant Kurde, connaît tout le monde, a mille conseils pour profiter des Lofotens, et nous le jure : ici, on est bien, en sécurité. Le seul endroit au monde où deux filles pourraient passer la nuit le long de la route sans être dérangées. On se quitte, il nous le redit : Revenez! Ces îles sont le paradis sur Terre!

A vrai dire, on le croit un peu, quand à bord de notre ferry s’éloigne sous nos yeux la petite chaîne de montagnes. La lumière du matin laisse apparaître des cimes, des nuées évanescentes.

Vers 10H nous nous approchons de Bodø. Le port marchand, les chantiers, les bruits de la ville… La magie des Lofotens est bien derrière nous. Nous ne restons qu’une demie journée avant de prendre notre avion mais nous sommes déjà parties, en un sens.

Nous marchons un peu dans cette ville de passage, aux allures de station balnéaire, et découvrons tout de même des « fenêtres » vers les fjords. Par moment, comme un clin d’oeil, un sommet dépasse.

Dans quelques heures maintenant, nous prendrons l’avion pour quitter la Norvège.
Et rentrer!

Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage…