Spleen et Splash

J’aime beaucoup le cellier de la maison : il y est entreposé du matériel de pêche, d’étranges machines, des lampes pour le phare et une buanderie. L’ambiance y est… particulière.

Mais aujourd’hui tout a été rangé pour exposer les peintures d’un artiste local. A cette occasion les enfants d’Evelyn, Julie et Andréas, nous offrent un joli concert.

J’en profite pour réaliser une petite aquarelle à offrir à Julie car c’est son anniversaire. J’enrage car je n’arrive pas à représenter son frère, un peu dans l’ombre pendant le concert. Tant pis, elle semble ravie de mon cadeau!

Plus tard dans l’après midi je la rejoins pour mon « baptême » dans la mer articque.
Courage! Elle plonge, revient vite un peu frigorifiée.

Hésitante, je l’imite, préparée à un choc thermique.
Finalement, après une légère sensation givrante, mon corps s’habitue et je fais quelques brasses au grand étonnement de Julie. Je suis la première artiste à tenter l’expérience, même les gens du village ne se baignent plus ici depuis longtemps.

En fait l’eau me rappelle certains matins de baignade dans le sud de la France, où l’eau des rivières sauvages n’était guère plus chaude…

je remonte et nous restons là une bonne heure, à dorer au soleil, seules au monde dans un petit coin de paradis norvégien.
Nous discutons de tout et de rien, de questions existentielles sur l’art, l’amitié, les choix de vie, ou encore de nourritures et de recettes de cuisine.

L’heure tourne et nous rentrons un peu précipitamment pour le dîner chez Evelyn : elle nous a préparé une spécialité norvégienne, une sorte de bouillabaisse inspirée d’un plat espagnol mais depuis adopté ici dans le nord! Les poissons (de la morue, du lieu noir…) sont marinés pendant des jours et des jours (parfois des semaines!) avant d’être cuisinés avec des petits légumes.
C’est délicieux!

Le repas fini, nous passons au salon siroter nos verres de vin. Andréas me montre ses photos et vidéos du bout du monde: il réalise de magnifiques time-lapses dans des endroits insolites (en Argentine et Uruguay notamment), parfois en prises de vues nocturnes avec la danse des étoiles au dessus des toits. C’est vraiment beau!

Sa soeur et lui m’offrent ensuite un cd de leur musique, je suis tellement contente de pouvoir les écouter lorsque j’imprimerai mes soleils de minuit! Et, qui sait, peut-être viendront-ils jouer à mon vernissage? L’idée les enchante, on verra si c’est possible!
Je fais plus ample connaissance avec Ane, leur cousine, qui sous ses dehors de douce et jolie jeune fille est en réalité une sorte d’agent de probation. Elle nous raconte une foule d’anecdotes où elle se retrouve aux prises avec des sociopathes, schizophrènes ou simples voyous…
Je suis assez impressionnée par ce petit bout de femme.

Puis enfin, direction le pub!
Avec la vue sur les rorbus, les mouettes et les piliers de bar, l’ambiance y est assez cocasse. Je rencontre de vieux loups de mer qui me proposent un tour en bateau (original), un cuisinier de Trondheim qui m’invite à venir tester ses recettes, et d’autres figures attachantes.
Certains testent leur français, c’est tellement insolite d’entendre la langue de Molière ici!
Les filles m’avaient prévenue, les gens d’ordinaire introvertis se transforment à l’entrée du pub en amis pour la vie. Ma voisine me serre la main avec affection, me répétant que je dois revenir, que je serai la bienvenue, qu’ils ont beaucoup de maisons inhabitées ici pour m’accueillir… Je sais que l’alcool y est pour beaucoup mais je suis un peu émue!

Il est 3h, le bar ferme. Étrange de repartir sous un ciel rose à cette heure…
Chacun rentre chez soi, et je remonte vers le phare, le cerveau légèrement grisé d’alcool et de mille souvenirs .